Littéralement, nous parlons ici de l’exposition volontaire de l’intimité́. Ce néologisme, inventé en 1969 par le psychanalyste Jacques Lacan, trouve aujourd’hui un nouvel écho. 

Littéralement, nous parlons ici de l’exposition volontaire de l’intimité́. Ce néologisme, inventé en 1969 par le psychanalyste Jacques Lacan, trouve aujourd’hui un nouvel écho. 
Les réseaux sociaux agissent comme des espaces d’injonction à la visibilité en tant que critère fondamental de la validation de notre existence. Ce sont autant de lieux de surexposition de notre intimité́, symptomatiques d’une nouvelle façon de livrer aux autres une image de soi. Chacun se définirait désormais par les traces qu’il laisserait de lui-même sur les différents supports numériques.
En exposant des éléments de sa vie intime, le sujet cherche à leur donner plus de valeur, à les sublimer au travers du regard de l’autre. Il recherche la validation par l’autre des éléments intimes de sa vie pour, en fin de compte, enrichir sa propre personnalité. Le retour de l’autre sur son intimité lui permettrait de nourrir la perception qu’il a de lui-même et, finalement, de mieux se comprendre.
Dans le champ de la psychanalyse, l’extime n’est donc pas le contraire de l’intime ; il permettrait même de mieux l’appréhender. 
Cependant, si le sujet se constitue dans le regard d’autrui (l’enfant ne se découvre-t-il par dans le visage de sa mère ?), il a besoin tout autant de se construire à l’abri des regards.
L’intimité est en effet nécessaire pour construire les fondations de l’estime de soi : c’est parce qu’on sait pouvoir se cacher que l’on peut désirer dévoiler de soi. C’est ce qui permet aussi de faire la distinction entre le soi public et le soi privé. Une distinction essentielle à la construction d’une estime de soi réaliste, affranchie des idéaux de toute-puissance infantile.
On comprend alors l’importance de la gestion du soi public pour la construction d’une bonne estime de soi.